Police : pas un pour rattraper l'autre
Depuis la mort de Nahel, tué par balle par la police, la question de l'impunité (de fait) des forces de l'ordre à perpétrer des violences est revenue sur le devant de la scène. D'autant que les manifestations qui ont suivi ont été marquées par des blessés liés aux interventions musclées (voire "de gros batards") des forces de l'ordre.
Mon avis, pour balayer la question tout de suite, est que la police est trop armée, trop mal formée, et trop "à droite" pour que tout se passe bien. Supprimons les armes de dispersion comme l'ont fait beaucoup d'autres pays et changeons pour de bon les méthodes de maintien de l'ordre. Il est indispensable de sortir de cette façon de faire.
Le point que je souhaite exprimer ici concerne plus précisément les bourreaux de Hedi, jeune homme qui a perdu un bout de crâne et failli perdre la vie sous les coups de policiers, leur garde à vue, leur maintien en détention provisoire et l'attitude de la hiérarchie, des syndicats et plus globalement de toute l'institution (abruti de ministre et président compris).
Le gouvernement n'a montré aucune empathie pour ce pauvre gars dont la vie a failli s'arrêter quand il a croisé une bande de brutes dont un qui a déjà eu affaire à la justice comme l'a révélé Mediapart (même si la procédure a été stoppée par manque d'éléments). La hiérarchie a carrément suggéré que les policiers devraient ne pas aller en prison quand bien même ici le flic n'est pas en prison pour le punir alors qu'il est toujours présumé innocent mais pour l'empêcher d'interagir avec ses collègues (ce qui est une procédure normale) et les syndicats sont en plein lobbying de "les flics doivent faire ce qu'ils veulent". Et que répond le ministre ? "pourquoi pas". Que répond le président ? "je ne commente pas". C'est hallucinant d'ailleurs de ne pas commenter les agissements de fonctionnaires que l'on a sous sa responsabilité... mais Macron semble aussi éloigné que possible de la prise de responsabilité comme beaucoup trop de politiques actuellement.
Et ce sur quoi j'aimerais insister et qui était le but de ce billet de blog : que font les autres flics ?
Ils pourraient, puisqu'il paraît que les renégats ne sont que quelques milliers sur l'ensemble des forces de l'ordre, ils pourraient prendre position pour la responsabilisation des policiers.
Ils pourraient dire qu'ils sont choqués que des collègues aient pu faire ce genre de choses : tirer à bout portant sur un jeune de 17 ans ou défoncer le crâne d'un mec qui passait par là.
Ils pourraient se désolidariser d'un discours où la police se donne le droit à la "violence légitime" (concept à creuser d'ailleurs puisqu'il semble qu'il soit évoqué à tort trop souvent).
Mais ils ne disent rien. Donc ils cautionnent ou en tout cas ils acceptent que cela arrive. Ce qui ne donne pas une super image de la police au final. Il y a un grand nettoyage à faire mais quand je vois que le ministre Darmanin est soutien des pires syndicats policiers et qu'il courre après le fauteuil de président de la république, on se dit que ce n'est pas demain que les choses vont changer. La France est embourbée dans une putain de crise où la fonction publique s'écroule, la droitisation est plus rapide que jamais et la police est en roue libre. Ajoutez à cela un pouvoir politique au plancher des vaches, sans maîtrise des sujets et sans vision (en tout cas pas une vision politique au sens premier du terme) et vous avez un terreau favorable aux pires dérives.
Je n'ai pas été inquiet ces dernières décennies faisant confiance au barrage des institutions politiques, en me disant que "au pire il ne se passera rien". Mais la 5ème république a montré ces dernières années qu'elle n'était plus à la hauteur et ne se protégeait pas elle-même. Elle a été violée à plusieurs reprises, manipulée, et elle sera bientôt notre pire ennemi.
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