Notre Dame de LVMH

Difficile de ne pas réagir à ce qu’on lit et entend depuis l’incendie de la Cathédrale Notre Dame de Paris le lundi 15 avril dernier. Apparemment, les Français sont particulièrement attachés à leur patrimoine, en particulier le catholique… pas sûr qu’on ait eu le même soutien pour rebâtir le toit de l’Élysée (déjà les rideaux, c’était limite).

Si on se limite aux faits, de manière assez basique : une toiture presque millénaire a brûlé, probablement en raison d’une inattention sur un chantier de rénovation. L’ensemble de “la forêt”, les milliers de poutres, a disparu dans les flammes. Aucune victime humaine n’est à déplorer, quelques pompiers ont été blessés lors de l’intervention. L’édifice n’était pas encore froid que quelques milliardaires (particuliers ou entreprises) ont sorti le carnet de chèques, offrant des centaines de millions d’euros pour la reconstruction. En moins de vingt-quatre heures, pas loin d’un milliard d’euros étaient promis… Avec les crédits d’impôt associés (60%). Certains donateurs ont annoncé renoncer à l’avantage fiscal, je suis sûr que cela sera vérifiable le moment venu.

À partir de là, l’opposition commence : doit-on se réjouir de cette générosité qui permettra d’avoir les moyens nécessaires à la reconstruction, ou doit-on s’étonner que ces richissimes qui se disent assommés par la fiscalité (ou par les charges quand il s’agit d’entreprises) révèlent au monde une trésorerie impressionnante ? D’autant que lorsqu’il s’agit de payer les impôts ou d’augmenter les salaires, ils deviennent subitement exsangues… Certains sont quand même soupçonnés de faire s’échapper des milliards d’euros par an d’impôts.


Générosité n’est pas solidarité. Ce dont notre société a besoin de nos jours, et ce qui est cassé un peu plus à chaque loi (ou ordonnance), c’est justement la solidarité. Et quand on parle de générosité, il faut qu’il ne soit pas question d’investissement ! Donner pour reconstruire un monument historique, touristique, peut aussi être vu comme une réparation d’un outil de production. Il n’est pas idiot de penser qu’une marque comme LVMH a intérêt à ce que les touristes continuent à venir à Paris, entre autres pour Notre-Dame.

Ce qui a aussi été “critiqué”, c’est cette dictature de l’émotion. Cette réaction épidermique à un événement qui choque. Nathalie Loiseau (la tête de liste LREM pour les élections européennes) a même dit que l’incendie de la cathédrale était notre 11 septembre à nous. Je trouve cela insultant pour les presque 3000 morts et 6000 blessés de l’attentat (pour le coup) historique de 2001.

Ce n’est pas déconnant d’être affecté par cet incendie qui a mis en cendre une construction de plusieurs centaines d’années. Mais en faire une cause plus prioritaire que la misère (en France et ailleurs) est vraiment déplacé.

Revenons à la raison.

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